Voici quelques petites explications et méthodes utiles à la récolte de
micro-météorites. En effet, la majorité des météorites tombant sur terre
y arrive sous la forme de minuscules poussières, la plupart du temps de
forme sphérique.
La technique décrite ici permet la recolte de micro-météorites ferrugineuses,
par tri magnétique de l'eau de pluie. En effet, la pluie a pour effet de
"laver" l'atmosphère et d'entrainer avec elle la plupart des poussières
en suspension. L'utilisation d'un aimant permet par la suite de "piéger"
les particules ferrugineuses. Il est cependant à noter que la majorité des
météorites ne sont pas métalliques, et que cette technique est donc assez
"sélective" et laisse échapper la majorité de la matière extra-terrestre
tombant sur Terre.
C'est un article de "L'Astronomie" (revue de la SAF; Juillet-Aout 1964),
intitulé "trois ans de récolte de poussières cosmiques", ainsi qu'un chapitre
du livre de Dauvillier "La poussière cosmique", qui m'ont incité à tenter
l'expérience.
Voici un passage du livre de Dauvillier, qui parle, lui, de la récolte sur
la neige: "Outre les météorites, qui résultent
de l'impact des bolides, la Terre reçoit, sous forme de météores,
une quantité notable de poussière cosmique, ou micrométéorites. C'est
sur les champs de neige, en montagne et en hiver, ou sur la neige
des régions polaires, que l'on a le plus de chance de récolter, semble-t-il,
un dépôt ausi peu souillé que possible des poussières terrestres.
(...) on trouve fréquemment, après les pluies d'étoiles filantes,
sur une surface neigeuse fraiche, des sphérules microscopique d'oxyde
de fer fondu. Cet oxyde de fer magnétique peut être récolté en encastrant
un aimant en Onial dans la spatule de ses skis. (...) Toutes renferment
du nickel et du cobalt. L.Rudaux a récolté ces poussières durant plusieurs
années et en divers lieux. La séparation magnétique lui a donné de
petites scories fondues irrégulières ou des gouttelettes, de l'ordre
du centième ou du dixième de millimètre. Une récolte hebdomadaire
a montré une abondance particulière et des gouttelettes atteignant 1mm,
après le passage d'un gros bolide, ainsi que quelques jours après l'averse
météoritique du 9/10/1933."
J'ai testé deux techniques de récolte proches, basées sur le tri magnétique de l'eau de pluie. Je n'ai pas encore testé la capture dans la neige fraîche.
La première technique consiste à capturer les météorites à la sortie
d'une déscente de goutiere. Le principal avantage est que la surface
du toit est importante, et que la quantité de micrométéorites retenues
le sera également. Par contre, on risque aussi de capturer d'autres
résidus (morceaux d'oxydes provenant de clous ou autres...). En ce qui concerne l'aimant, prendre le plus puissant possible (afin qu'il retienne bien les particules du flux d'eau). On en trouve par exemple de très puissant dans des fours à micro-ondes (aimants toriques) ou bien dans des lecteurs de disque durs (parfois aimants de terres rares). |
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La deuxième méthode est plus indiquée si l'on veut faire un comptage
hebdomadaire de la quantité de micrométéorites par exemple. On utilise ici une bâche plastique, tendue dans un cadre en bois et trouée en son centre. Ce trou donne directement sur un dispositif identique au précédent: une bouteille avec un aimant permettant de capturer les particules ferreuses. |
Ce dispositif a l'avantage de recueillir exclusivement des poussières
atmosphériques, et n'est pas sujet à un aussi fort risque de "pollution"
qu'un toit. En revanche, la quantité de météorites récoltées sera moindre
(à moins de tendre une immense bâche couvrant la moitié de son jardin! ;-)
Il est egalement possible d'utiliser un filtre papier (genre filtre à café)
qui capturera toutes les poussières en suspension: météorites ferreuses
ou non, sable saharien, poussière des labours ou de l'usine du coin... Mais
c'est cependant un exercice interessant d'examiner le filtre à la loupe.
Enfin, pour commencer la recherche de micrométéorites, il est toujours
possible de recueillir les boues de descente des goutieres: souvent, la
goutiere est évacuée dans un regard au fond duquel s'accumullent parfois
des débris. En récupérant ces débris dans un récipient rempli d'eau et en
faisant un tri magnétique, on peut récupérer une bonne quantité de micrométéorites.
Un "truc" supplémentaire pour améliorer ses chances de capture magnétique:
on peut entourer avec methode l'aimant de film plastique cellophane; etant
très fin, l'attraction sera meilleure en placant l'aimant carrement dans
l'eau plutot que sous la bouteille.
Bien sûr, ne pas s'attendre à récolter des kilogs chaque mois!... Les quantités de poussière sont assez faibles et les poussières sont elles mêmes minuscules. Pour bien les examiner, vous aurez besoin d'une binoculaire ou d'un petit microscope. Pour référence, la dimension moyenne des micrométéorites avoisine l'epaisseur d'un cheveux...
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Voici tout d'abord ci contre une petite boite dans laquelle j'ai placé mes poussières météoritiques (résultat de quelques mois de récolte sur une bâche de 1m²). A noter que j'ai recueilli récemment la même quantité en triant quelques dm3 de boues de descente... |
Voici maintenant ci-contre une photo issue de "L'ASTRONOMIE POPULAIRE"
de Camille Flammarion (p. 391) Voici la légende originale: "PHOTOMICROGRAPHIE DE POUSSIERES METEORITIQUES et autres particules récoltées dans l'Iowa (U.S.A.) par Warren J. Thomsen pendant l'hiver 1951-1952. Les agglomérations de sphères sont dues au magnétisme du fer de la météorite dont il subsiste encore des traces après la fusion. Les sphères vitreuses ont été ramassées à la main et mélées aux sphères ferrugineuses pour comparaison. Toutes ces sphères sont d'origine extra-terrestre. Un cheveu de 0.040mm de diamètre est visible sur le côté et donne l'échelle." |
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Voici maintenant quelques vues des micro-météorites que j'ai recueillies: on retrouve bien l'aspect sphérique typique de particules rentrées en fusion. Ces photos ont été faites à l'aide d'une web-cam VestaPro placée au foyer d'une binoculaire. Tout d'abord, une vue au grandissement mini: le quadrillage en fond
est au pas de 1mm. |
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Voici maintenant une vue aggrandie, où l'on reconnait mieux les formes sphériques des particules recueillies, qui sont tout à fait semblables à celles sur la photo issue de l'ASTRONOMIE. |
Et ci-dessous, trois autres photos: |
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Arggghh! La "question-qui-tue"... ;-)
Evidemment... rien ne peut totalement prouver que ces poussières récoltées
sont toutes des micrométéorites; en effet, il y a une multitude de sources polluantes
qui peuvent fournir abondamment de magnifiques petites sphérules identiques
en apparence. Une preuve, examinez au microscope les petits résidus d'une disqueuse
ou d'une meuleuse: ce sont de magnifiques petites sphères de métal...
De même, l'estimation de la quantité annuelle de poussières
cosmiques tombant par mètre carré varie énormement selon
les auteurs...
N'y aurait-il alors aucune ressource pour distinguer le bon grain de l'ivraie, pour faire la différence entre la particule interplanétaire et les déchets du voisin bricoleur?... Si, il peut y avoir des solutions plus ou moins efficaces: les particules "spatiales" contiennent une forte proportion de matériaux comme le Nickel ou l'Iridium (ce dernier élément étant hyper-rare à la surface terrestre). Il faut donc tenter de caractériser leur présence: ce genre de travail peut être fait avec un microscope électronique à balayage (MEB) qui peut tracer le spectre des éléments; bien qu'ayant déja manipulé un MEB, je n'ai pas encore tenté la chose... à suivre. Il y a peut-être d'autres techniques (chimiques? optiques?) pour doser l'Iridium... à rechercher, à explorer... je suis ouvert à toutes propositions!
Voila voila, bonne récolte si vous tentez l'expérience, et n'hesitez pas à faire partager vos découvertes.